Même si nos caractères nous poussent au silence, la raison nous pousse à le dire et le rappeler avant qu’il ne soit trop tard, au cas où ça vous importe.
Nous sommes ouverts depuis 2015, nous vendons des produits alimentaires depuis 2018, et nous sommes à trois mois de la fermeture définitive du magasin. Si l’entreprise est saine et n’a pas de dette, elle ne nous permet toujours pas de nous sortir un salaire. et il est clair que nous ne tiendrons pas plus longtemps sans. On savait, quand on a ouvert, qu’on n’aurait que peu de temps pour que ça tourne suffisamment. On a pris le risque parce que, vivant ici, on trouvait hyper pénible de devoir prendre la voiture et faire des kilomètres pour tout et qu’on ne devait pas être les seuls. On savait aussi que ça faisait tellement longtemps qu’il n’y avait plus d’épicerie, qu’il faudrait du temps pour que les gens de Saint Christophe retrouvent leurs habitudes passées, quand il y avait encore une épicerie.
Nous étions confiants sur le fait que cette création d’entreprise était viable parce qu’on savait par Fatima le chiffre d’affaire minimum qu’on était en droit d’espérer, mais nous sommes très loin de ce chiffre. Pourtant, pendant le premier confinement, l’entreprise a tourné plus encore que nécessaire pour que nous puissions en vivre.
Nous avons, sans moyens et sans expérience dans le domaine alimentaire, monté cette épicerie avec peu de choses au départ et en réinvestissant chaque cent de profit dans de nouvelles références. Depuis un moment déjà, comme beaucoup l’ont constaté pendant le confinement, l’épicerie est complète et on y trouve de tout. Apparemment ça ne suffit pas. Les produits d’épicerie, ceux d’épicerie fine, les fruits et légumes sont tous super, on ne se fie pas qu’à notre goût, les retours sont tous chouettes, et ça ne suffit pas non plus. Alors peut être qu’il faut plus de temps? Mais ce temps, on ne l’a plus. Tout ce qui était entre nos mains a été fait, maintenant, ce sera votre choix.
Le choix d’avoir ou non, une épicerie dans ce village.
Arnaud & Sandrine.